Bibliothèque et oeuvre de Meyerson



Université Paris 12-Val de Marne Salle des Thèses

26 janvier 2006

9h30-17h

Journée d'étude


 

LA BIBLIOTHEQUE ET L'OEUVRE D'IGNACE MEYERSON

 
Quelques années après le dépôt des documents de travail et de la correspondance d'Ignace Meyerson aux Archives Nationales, la Bibliothèque Universitaire de Paris 12 recevait par donation la bibliothèque personnelle du savant. En 1995, à l'occasion de l'inauguration du local qui a été aménagé pour accueillir ce fonds, une exposition sur la vie d'Ignace Meyerson a été présentée et un colloque d'hommage a été organisé à l'université Paris 12. Les textes de ce colloque ont été réunis et publiés par Françoise Parot en 1996 sous le titre Pour une psychologie historique. Écrits en hommage à Ignace Meyerson. Comme le soulignait, en 1995, Fabienne Queyroux, responsable scientifique du fonds, et Nathalie Queyroux, chargée de l'inventaire, les ouvrages et documents présents dans la bibliothèque de Meyerson contiennent la matière de son œuvre scientifique : on y trouve 75% des titres et noms d'auteurs cités dans la bibliographie et l'index de la thèse Les fonctions psychologiques et les œuvres, qui sera le seul ouvrage publié. Meyerson n'était pas seulement un esprit curieux et un grand lecteur, il fut aussi un rassembleur d'hommes et d'idées, qu'il a su faire dialoguer et questionner pour fonder une pensée originale, à la recherche de ce qui est le propre de l'homme, situé dans l'histoire, à travers l'analyse des ses conduites, de ses actes et de ses productions. C'est ainsi que l'ensemble de son œuvre écrite est non seulement composé d'articles mais aussi d'un grand nombre de comptes rendus et de préfaces. De formation scientifique et philosophique, passionné d'art et de littérature, il a collaboré et échangé avec des spécialistes de domaines aussi divers que la psychologie, la neurophysiologie, l'histoire, l'anthropologie, la linguistique, la théologie, le droit, l'esthétique, etc. La seule énumération des noms des conférenciers invités à son séminaire de l'École Pratique des Hautes Études, qui deviendra l'École des Hautes Études en Sciences Sociales en 1975, suffirait à montrer l'ampleur du champ intellectuel parcouru. A quoi l'on pourrait ajouter les programmes des colloques qu'il a organisés dans le cadre du Centre de recherches de psychologie comparative (sur la couleur en 1954, sur la personne en 1960, sur le signe en 1962) et les numéros thématiques du Journal de Psychologie normale et pathologique, dont il a assuré la direction dès 1938. Jean-Pierre Vernant déclarait, dans l'article paru dans Le Monde (24 novembre 1983) à l'occasion de la mort de Meyerson : « Avec Ignace Meyerson disparaît un des derniers représentants de cette grande lignée d'universitaires qui, dans la première moitié du siècle, ont engagé la recherche française dans la voie d'une science de l'homme et de la société. Le rôle qu'il a joué pour que s'établisse un constant dialogue entre les disciplines nouvelles - psychologie, sociologie, histoire, linguistique, esthétique, - l'importance de son œuvre personnelle en tant que fondateur de la psychologie historique font de Meyerson une figure à la fois exceptionnelle et exemplaire. »

 

Aujourd'hui le catalogue du fonds de ce qui se nomme désormais Bibliothèque Meyerson est établi et l'ensemble des ouvrages et documents est accessible à la consultation. Cette journée d'étude est une invitation à découvrir et à actualiser la pensée d'un chercheur infatigable qui a développé une œuvre unique à partir d'un questionnement pluridisciplinaire. Si Jean-Pierre Vernant pensait en 1983 que disparaissait en la personne de Meyerson « ce type d'homme et de savant qui a marqué toute une époque et dont l'espèce semble aujourd'hui en voie d'extinction », nous pouvons nous demander si son approche et sa réflexion ne peuvent pas avoir encore la valeur sinon d'un modèle de pensée du moins d'une méthode de réflexion et d'un mode d'investigation d'un grand intérêt pour le développement des sciences humaines et des sciences sociales.