Édition 2020
Du 7 au 23 mars 2020

Édition 2020
Le Courage

C’est un vers de Corneille. Un vieil alexandrin célèbre, à la toute fin du Cid, qui dit le cœur, l’espoir et le triomphe du temps quelque part à Séville :
Espère en ton courage, espère en ma promesse…
Et dans cet hémistiche toute la bravoure du monde roule à l’assaut des siècles, avec tant de constance. Tant de patience passée à la postérité, comme un secret légué, mantra plus efficient que les rudes lois du sang.
Et la vaillance d’outrepasser les règnes, les solitudes, les exils, les douleurs, les aurores et les disparitions. Nos horloges sonnent l’heure du courage, écrivait Anna Akhmatova à l’hiver 1942. Tandis que Prévert tordait le cou aux pensées toutes faites dans ses « Adonides » : La guerre déclarée / j’ai pris mon courage / à deux mains / et je l’ai étranglé. Car le mot, trop taillé pour la gloire, a parfois mauvaise presse. Pourtant le cran. Pourtant l’audace. Pourtant la virtus latine, qui fait dire à Virgile et Apollon d’une même voix : Déploie ton jeune courage, enfant, c’est ainsi que l’on s’élève jusqu’aux astres.
Cette force d’âme capable de tutoyer les étoiles en appelle aux mots de Desnos, dont Éluard affirmait, devant ses cendres revenues de Terezín, qu’il était la poésie du courage. Une poésie qui se joue la vie, l’amour, la liberté jusque dans la pire des morts. Avec ce qui me reste de courage, défoncer toute la Nuit, proposait Paul Valet, tout aussi prompt à mourir.
C’est coton, le courage, même sans être corps et âme en lambeaux.
La course plus que la rage. La lumière à foudroyer le noir. Comme s’il n’y avait qu’un poète pour dire cet éclat d’être sans orgueil. Cette témérité de la langue qui vous mène plus loin que la vue ne peut voir. Cette intrépidité de la parole qui nous fait défaut. Cette endurance à Raturer outre. Ce souci du poème. Je vais droit au jour turbulent, annonçait André du Bouchet. Que l’on se nomme Blaise Cendrars ou Benjamin Fondane, Charlotte Delbo ou Sylvie Brès, Juan Gelman ou Ludovic Janvier… Tous ont osé. Et la frappe, la vitalité de l’écriture, le prodige de l’énergie poétique de nous révéler encore et toujours.

Sophie Nauleau


Post-scriptum : ce n’est pas un hasard si l’anniversaire des 100 ans de Boris Vian, le 10 mars 2020, tombe en ouverture de cette édition dédiée au Courage. Car celui qui ne voulait pas crever Sans qu’on ait inventé / Les roses éternelles / La journée de deux heures / La mer à la montagne / La montagne à la mer / La fin de la douleur, celui qui savait que La vie, c’est comme une dent / D’abord on y a pas pensé / On s’est contenté de mâcher / Et puis ça se gâte soudain / Ça vous fait mal, et on y tient / Et on la soigne et les soucis / Et pour qu’on soit vraiment guéri / Il faut vous l’arracher, la vie. Celui-là qui écrivait comme quatre, chantait du soir au matin et jouait comme personne, l’enfant de Ville-d’Avray, le joyeux condamné de la Cité Véron, ce singulier et magnifique poète de 39 ans savait ce qu’il en était de vivre.


Crédit : Huile sur toile 202 x 143 cm, 30 novembre 1967.
Donation Pierre et Colette Soulages, musée Soulages, Rodez.
Photographie Vincent Cunillère © Adagp, Paris, 2019.



Coup d’arrêt du 13 mars

En choisissant Le Courage pour emblème de cette 22e édition du Printemps des Poètes, et un spectacle d’ouverture au Bataclan, j’avais pleinement conscience du pari risqué d’un tel intitulé. Mais j’avais toute confiance en la poésie, dès lors qu’elle sait tenir parole. J’invoquais à dessein l’étymologie du cœur, sans imaginer un seul instant qu’un virus couronné viendrait perturber le sursaut de nos vies.
Ce coup d’arrêt soudain, en ce vendredi 13, n’a rien d’un néfaste porte-malheur. Il est à l’image de cette verticalité à l’œuvre dans l’Outrenoir de Pierre Soulages, le signe d’une nouvelle alchimie possible.
Certes se résoudre à annuler notre dimanche de clôture au Théâtre Châteauvallon d’Ollioules, aux côtés de Charles Berling, Julie Depardieu, Sébastien Destremau, Raphaël Imbert, Muriel Mayette-Holtz, Éric Sarner et Sylvain Tesson est un crève-cœur, mais le Printemps n’est pas prisonnier d’une unique saison.
Nous reprendrons dates aux plus beaux jours, afin de ne pas se priver du plaisir d’écouter Clément Hervieu-Léger dire le secret D’un cheval l’autre de Bartabas, d’escorter Anne Alvaro en pleine Plongée de Lydia Tchoukoskaïa, ou encore de rejoindre Ernest Pignon-Ernest à la Bibliothèque Forney…
Du 7 au 13, et non jusqu’au 23 mars, c’est à peine 7 jours, mais dans l’écho prolongé de l’engagement solaire de Sandrine Bonnaire, et dans l’éblouissement de tant de poèmes qui nous sont promesse de ferveur, de force et de survie.

Sophie Nauleau


La marraine

Pour oser Le Courage, il fallait un être de cœur… Sandrine Bonnaire, marraine de la 22e édition du Printemps des Poètes.

L’affiche

Après L’Ardeur d’Ernest Pignon Ernest, et La Beauté d’Enki Bilal, l’affiche originale du 22e Printemps des Poètes sera l’œuvre de l’artiste du Siècle : Pierre Soulages.

En lumière

25 février 2020

Lancement

au MINISTÈRE DE LA CULTURE

26 février 2020

Sandrine Bonnaire lit Carl Norac

En partenariat avec la RATP

2 mars 2020

Exposition en Gare d’Avignon

Redécouvrez BORIS VIAN, l’écume d’un artiste multiple

4 mars 2020

Poèmes dans le métro parisien

Une campagne dédiée au COURAGE

8 mars 2020

« L’autre moitié du songe »

Poèmes d’ALICIA GALLIENNE dits par MARINA HANDS & GUILLAUME GALLIENNE
À l’ATHÉNÉE THÉÂTRE LOUIS-JOUVET

10 mars 2020

Le Courage - Spectacle d’ouverture

Autour de SANDRINE BONNAIRE
Avec JOËL BASTARD & DENIS LAVANT
Au BATACLAN

11 mars 2020

La bibliothèque Idéale d’André Velter

À la MÉDIATHÈQUE FRANÇOISE SAGAN en compagnie des FILLES DU LOIR

18 mars 2020

Reporté / Carte blanche à Anne Alvaro

À la BIBLIOTHÈQUE DE L’ARSENAL

19 mars 2020

Reporté / Ernest Pignon-Ernest dialogue avec André Velter

Échange à la BIBLIOTHÈQUE FORNEY

22 mars 2020

Annulé / Ceux du large - Spectacle de clôture

À CHÂTEAUVALLON, scène nationale

La marraine

Pour oser Le Courage, il fallait un être de cœur… Sandrine Bonnaire, marraine de la 22e édition du Printemps des Poètes.

L’affiche

Après L’Ardeur d’Ernest Pignon Ernest, et La Beauté d’Enki Bilal, l’affiche originale du 22e Printemps des Poètes sera l’œuvre de l’artiste du Siècle : Pierre Soulages.

Poème
de l’instant

Nous verrons

Le bonheur est en espérance,
On vit, en disant : Nous verrons.

François-Réné de Chateaubriand, 1768-1848, « Nous verrons », Poésies diverses.

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