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Zoom sur... Le patriotisme à l'école
Publié le 23 janvier 2013 – Mis à jour le 1 septembre 2017
La IIIe République (1870-1940), qui fut la plus longue période de stabilité institutionnelle de l’Histoire de France, chercha à renforcer le sentiment d’appartenance à la Nation française. Petit tour d'horizon du rôle joué par l'école dans ce processus à travers les collections du fonds patrimonial.
L’évolution du sentiment patriotique
Ferry et l’avènement de l’école nouvelle
Avec le service militaire et les organisations patriotiques, l'école fut un outil de diffusion du sentiment patriotique. Après le bouillonnement politique et historique qui a affecté la France entre le XVIIIe et la fin du XIX, l’attachement profond et le dévouement à la patrie n’allaient pas de soi et ont pris des sens différents en fonction des régimes politiques qui se sont succédés.
L’évolution du sentiment patriotique
A la fin du XIX, le sentiment patriotique s’appuie encore largement sur les idéaux des Lumières. La France était encore attachée à l’idée de civilisation, d’élégance et de raffinement. La notion patriotique incluait la foi en l’idéal des droits de l’Homme.
Durant la seconde partie du XIXe siècle, la structuration administrative du pays par Napoléon premier, puis sous la IIIe République, ont fait émerger une nouvelle conception du patriotisme fondée sur une ensemble de valeurs communes constitutives de la République, partagées par tous les citoyens sur l’ensemble du territoire.
A ce titre, en marge d’une politique de vulgarisation de la symbolique républicaine, illustrée notamment par la Marseillaise et la figure de Marianne, l’école a été un instrument formidable de diffusion du sentiment patriotique.
Ferry et l’avènement de l’école nouvelle
La nomination le 4 février 1879 de Jules Ferry amorce une mutation profonde de l’école. Si le nom de Ferry est désormais attaché à la gratuité de l’enseignement primaire (loi du 16 juin 1881), à la laïcité et à l’obligation de l’enseignement (loi du 28 mars 1882), on souligne moins la transformation induite par ces lois de l’école en un outil de diffusion de l’idée républicaine. Un enseignement dans une langue commune sur l’ensemble du territoire, accessible à tous les enfants tout au long de la scolarité (création en 1880 d’un enseignement secondaire public pour les filles), et donné par des enseignants laïques (une loi de 1886 assura la laïcisation progressive du personnel enseignant) constituent les principaux piliers de diffusion de l’idéal républicain au point que Mona Ozouf et Jacques Ozouf parlent de « République des instituteurs ».
L’école intègre de fait pleinement la dimension nationale. La lettre circulaire adressée par Jules Ferry aux instituteurs le 17 novembre 1883 souligne l’importance de la dimension nationale de l’école :
« Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une é ducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n'hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. »
L’école devient le lieu du triple apprentissage de la science, de la citoyenneté et de la nation. La généralisation de l’alphabétisation en français cimente la cohésion nationale. L’ouvrage d’Ernest LAVISSE (1842-1922) pour cours moyen, Histoire de France, débute par : « Enfant…, tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande ». Parallèlement, Le Tour de la France par deux enfants d’ Augustine FOUILLEE (1833-1923) écrit sous le pseudonyme de G. BRUNO, paru en 1877, dépasse largement son lectorat. Sous-titré « Devoir et Patrie », il impose l’image d’une France soucieuse de sa défense et de toutes ses valeurs mais avant tout créatrice et ouverte au progrès.
Les lois Ferry s’inscrivent également dans le cadre des tensions européennes. Destinées à relever la France à travers l’enseignement, après la défaite de 1870, ces lois instituent une école qui sera ensuite largement utilisée durant le premier conflit mondial. Dans la guerre des enfants, Stéphane Audouin-Rouzeau a ainsi décrit la véritable « mobilisation » morale et intellectuelle des enfants à travers une culture de guerre diffusée par l’école. Dès aout 1914 la circulaire Sarraut invitait donner durant les garderies des vacances des lectures « de nature à faire comprendre aux enfants les événements actuels et à exalter dans leur cœur leur foi patriotique » (BAMIP, n°2143, 12, 19, 26 septembre 1914, p. 374).
Après la première guerre mondiale, l’école n’échappa pas à la « brutalisation » des sociétés européennes théorisée par George L. Mosse : plusieurs manuels exaltent ainsi le sacrifice patriotique.
Ferry et l’avènement de l’école nouvelle
Avec le service militaire et les organisations patriotiques, l'école fut un outil de diffusion du sentiment patriotique. Après le bouillonnement politique et historique qui a affecté la France entre le XVIIIe et la fin du XIX, l’attachement profond et le dévouement à la patrie n’allaient pas de soi et ont pris des sens différents en fonction des régimes politiques qui se sont succédés.
L’évolution du sentiment patriotique
A la fin du XIX, le sentiment patriotique s’appuie encore largement sur les idéaux des Lumières. La France était encore attachée à l’idée de civilisation, d’élégance et de raffinement. La notion patriotique incluait la foi en l’idéal des droits de l’Homme.
Durant la seconde partie du XIXe siècle, la structuration administrative du pays par Napoléon premier, puis sous la IIIe République, ont fait émerger une nouvelle conception du patriotisme fondée sur une ensemble de valeurs communes constitutives de la République, partagées par tous les citoyens sur l’ensemble du territoire.
A ce titre, en marge d’une politique de vulgarisation de la symbolique républicaine, illustrée notamment par la Marseillaise et la figure de Marianne, l’école a été un instrument formidable de diffusion du sentiment patriotique.
Ferry et l’avènement de l’école nouvelle
La nomination le 4 février 1879 de Jules Ferry amorce une mutation profonde de l’école. Si le nom de Ferry est désormais attaché à la gratuité de l’enseignement primaire (loi du 16 juin 1881), à la laïcité et à l’obligation de l’enseignement (loi du 28 mars 1882), on souligne moins la transformation induite par ces lois de l’école en un outil de diffusion de l’idée républicaine. Un enseignement dans une langue commune sur l’ensemble du territoire, accessible à tous les enfants tout au long de la scolarité (création en 1880 d’un enseignement secondaire public pour les filles), et donné par des enseignants laïques (une loi de 1886 assura la laïcisation progressive du personnel enseignant) constituent les principaux piliers de diffusion de l’idéal républicain au point que Mona Ozouf et Jacques Ozouf parlent de « République des instituteurs ».
L’école intègre de fait pleinement la dimension nationale. La lettre circulaire adressée par Jules Ferry aux instituteurs le 17 novembre 1883 souligne l’importance de la dimension nationale de l’école :
« Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une é ducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n'hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. »
L’école devient le lieu du triple apprentissage de la science, de la citoyenneté et de la nation. La généralisation de l’alphabétisation en français cimente la cohésion nationale. L’ouvrage d’Ernest LAVISSE (1842-1922) pour cours moyen, Histoire de France, débute par : « Enfant…, tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande ». Parallèlement, Le Tour de la France par deux enfants d’ Augustine FOUILLEE (1833-1923) écrit sous le pseudonyme de G. BRUNO, paru en 1877, dépasse largement son lectorat. Sous-titré « Devoir et Patrie », il impose l’image d’une France soucieuse de sa défense et de toutes ses valeurs mais avant tout créatrice et ouverte au progrès.
Les lois Ferry s’inscrivent également dans le cadre des tensions européennes. Destinées à relever la France à travers l’enseignement, après la défaite de 1870, ces lois instituent une école qui sera ensuite largement utilisée durant le premier conflit mondial. Dans la guerre des enfants, Stéphane Audouin-Rouzeau a ainsi décrit la véritable « mobilisation » morale et intellectuelle des enfants à travers une culture de guerre diffusée par l’école. Dès aout 1914 la circulaire Sarraut invitait donner durant les garderies des vacances des lectures « de nature à faire comprendre aux enfants les événements actuels et à exalter dans leur cœur leur foi patriotique » (BAMIP, n°2143, 12, 19, 26 septembre 1914, p. 374).
Après la première guerre mondiale, l’école n’échappa pas à la « brutalisation » des sociétés européennes théorisée par George L. Mosse : plusieurs manuels exaltent ainsi le sacrifice patriotique.
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