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L'eau ne tombe plus du ciel, une exposition à la bibliothèque du Campus Centre

Publié le 13 février 2018

Une exposition de photos de chercheurs et doctorants qui montre comment l’installation de techniques de pompage d’eau transforme le quotidien des hommes.

exposition l'eau ne tombe plus du ciel à l'UPEC
exposition l'eau ne tombe plus du ciel à l'UPEC
Date(s)

du 16 janvier 2018 au 22 février 2018

Lieu(x)

 

L'association Rés-EAUx a sélectionné 36 photographies de systèmes de pompage d'eau

L’association Rés-EAUx – Réseau d’Etudes et d’Echanges en Sciences Sociales sur l’Eau, groupement de chercheurs en sciences de l’eau, propose en 36 photographies extraites du monde entier une diversité de résultats obtenus après l’installation d’une pompe en termes non seulement techniques et politiques mais aussi esthétiques. Les photographies exposées ont été sélectionnées dans le cadre d’un concours photos lancé l’année dernière par l’association.












Révéler comment l'installation d'une pompe à eau transforme le paysage et le quotidien des hommes

Alors que plus des 2/3 de la surface de la Terre sont recouverts d’eau, 1/3 des Hommes n’y ont pas accès. Des scientifiques mettent ainsi au point des techniques de pompage adéquates pour puiser l’eau en sous-sol.

L’objectif immédiat de l’installation de machines qui pompent les eaux souterraines est d’alimenter une population locale en eau douce. Objectif louable, certes, mais qui a des conséquences : la pompe à eau crée une activité. On crée des routes pour y accéder, on installe la machine, on forme à la technique, on livre l’eau et on passe commande. Les implications sont logistiques, économiques et sociales. Des habitudes se créent. Des intérêts politiques divergents s’affrontent parfois, la présence d’une telle machine ayant des répercussions géopolitiques fortes allant jusqu’à déstabiliser les relations entre certains pays.

De plus, au moment de la conception technique de la pompe puis de son installation, on porte souvent peu d’intérêt à l’esthétique de la machine. Parfois imposant, le système de pompage alors mis en place fait peu de cas du cadre alentour. Pourtant, en plein désert ou en montagne, à la périphérie d’une ville ou isolée dans une région aride, une pompe dessine un autre paysage.

Retour sur l'inauguration de l'exposition du 13 février 2018

L’inauguration a donné lieu à une enrichissante visite commentée par quatre jeunes chercheurs du Rés-EAU-x. Après une introduction par Christophe Basquin, directeur général des services de l’UPEC, puis par Cécile Bajard, directrice du service commun de la documentation, Rhoda Fofack, présidente de Rés-EAU-x, une association de jeunes chercheurs menant des travaux de recherche sur des problématiques liées à l’eau, a présenté le contexte de réalisation de l’exposition L’eau ne tombe plus du ciel.

Une visite commentée de l’exposition a ensuite été animée par Rhoda Fofack et Ludovic Drapier, doctorant à l’UPEC et chargé de cours au département de géographie de l’UFR LLSH, et effectuée par Olivia Aubriot, Kévin de la CroixSelin Le Visage et Emilie Lavie, quatre auteurs de certaines photographies exposées.

Compte-rendu de la visite commentée


Quatre chercheurs, quatre techniques de pompage différentes en quatre lieux différents

Quatre chercheurs nous ont présenté leurs propres photographies, nous embarquant tour à tour dans le village de Souba au Mali aurtour du drain en ciment alimenté en eau par une motopompe, à Puducherry dans la région du Tamil Nadu en Inde du Sud autour cette fois d'une pompe submersible, dans le district en Kemalpaşa en Turquie où un forage collectif a été associé à un hydrocyclone, et dans l’oasis de Mendoza en Argentine avec un puits artésien, autrement dit creusé dans une nappe profonde d’où jaillit une eau immédiate et abondante.

Les pompes laissent des traces

Les systèmes de pompage d’eaux souterraines se voient à la surface du sol. Les pompes laissent leurs traces dans le paysage.

Par exemple, Olivia Aubriot a décidé de cadrer sa photo La quête incessante de l’eau, Tamil Nadu, Inde du Sud  sur des amas de gravats en plein champs vers lesquels un homme marche pieds nus sous une chaleur accablante. « Cela signifie quoi ce tas de pierres qui ressemble à un terril ? C’est le signe qu’à cet endroit de l’Inde, on surcreuse ! ». Autrement dit, on creuse toujours plus profond !

Kévin de la Croix a, lui, cadré sa photo Tu as vu mon eau ? sur une ligne de ciment, coupant sa photo en deux parties comme le drain d’alimentation coupe le terrain agricole d’un propriétaire dans le village de Souba au Mali.
Quel contraste avec la belle pompe qu’a photographiée Selin Le Visage ! (cf. Les coopératives d’irrigation de Kemalpaşa : une gestion collective de l’eau souterraine une photographie prise en Turquie dans le district de Kemalpaşa en 2016) Rouge brillant, elle s’impose dans une nature luxuriante !

Les pompes témoignent du fonctionnement d’une communauté

Répondre aux besoins en eau, améliorer le rendement agricole, mettre en place une gestion collective de l’eau au détriment parfois d’un meilleur progrès social, les systèmes de pompage témoignent du fonctionnement des sociétés à une échelle locale.

Puducherry, Inde du Sud, 2006, photographie d’Olivia Aubriot ayant obtenu le prix du jury, montre des hommes qui se sont retrouvés pour réparer une pompe submersible, témoignage d’un moment déterminant pour la communauté puisqu’on évalue alors la profondeur de l’eau et son évolution.

Les arroseurs de Kévin de la Croix observe une situation paradoxale : alors que le système de pompage (la motopompe et le drain) alors installé dans le village de Souba au Mali réduit la main d’œuvre et le coût de l’exploitation, on fait appel à des enfants pour porter de lourds seaux d’eau toute la journée.

Selin Le Visage et Emilie Lavie ont, elles, choisi de rendre compte immédiatement dans le titre donné à leurs photographies de deux autres situations :  Les coopératives d’irrigation de Kemalpaşa : une gestion collective de l’eau souterraine une photographie prise en Turquie dans le district de Kemalpaşa en 2016 de la première reflète en fait le succès d’une gestion collective de l’eau souterraine pour répondre aux besoins d’un village tandis que Quand le service d’eau potable participe au mitage urbain de l’espace rural Argentine, oasis de Mendoza, 2016 de la deuxième révèle un tournant social puisque les forages anciennement utilisés pour arroser les terres agricoles sont progressivement convertis dans la sphère domestique, la pression urbaine mitant le paysage rural de lotissements fermés.
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