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Exposition : "Les Écoles Normales et la laïcisation de l'école primaire (1870-1940)"

Publié le 9 décembre 2021

Les collections des anciennes Écoles Normales de Melun et du Bourget s'exposent à la Bibliothèque de l'INSPE de Bonneuil du 9 décembre 2021 au 31 mars 2022.

La République triomphante, lithographie anonyme, 1880
La République triomphante, lithographie anonyme, 1880
Date(s)

du 9 décembre 2021 au 31 mars 2022

Lieu(x)

En exposition à la bibliothèque de Bonneuil, en consultation sur place toute l'année ou lors d'ateliers de recherche, relisez les textes qui ont jalonné le processus de laïcisation scolaire et qui rendent compte de sa complexité. Principe de séparation ou contenu à enseigner, anticlérical ou antireligieux, neutralité ou opposition entre connaissances et croyances, les débuts de la laïcité à l'école rappellent les différentes manières de la penser. 

Un lien très fort entre instruction primaire, laïcité et formation en Écoles Normales

Le Rapport de Condorcet présent dans les collections des anciennes Écoles Normales de Melun et du Bourget signale l'inspiration de la Révolution française dans l'idée d'une instruction laïque. Les quatre tomes du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction publique témoignent quant à eux de la relation étroite entre la laïcisation de l'école et la formation des maîtres et maîtresses. Cette encyclopédie éducative est dirigée entre 1878 et 1887 par Ferdinand Buisson, au moment même où il met en oeuvre les lois scolaires de la IIIe République. 
 
Il y rappelle le lien entre l'émancipation de tout clergé et le respect de la religion de chaque enfant : "L'enseignement primaire et laïque : les élèves de toutes les communions y sont indistinctement admis, mais les représentants d’aucune communion n’y ont plus d’autorité ni d'accès." Lorsque démarre la rédaction du Dictionnaire, la loi Falloux organise encore le contrôle de l’Église catholique sur l'école. Le Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l’École Normale de Melun rapporte les souvenirs d'instituteurs qui participent aux processions, sonnent les cloches et font répéter prières et catéchisme dans leur classe, sous la surveillance du curé. 
 
La première des lois ouvrant la voie à la laïcité scolaire va justement porter sur la formation des instituteurs et singulièrement des institutrices. La loi Paul Bert du 9 août 1879 impose la création d'Écoles Normales de filles, oubliées par François Guizot en 1833 : la formation d'institutrices laïques doit permettre de remplacer les congréganistes qui enseignent souvent avec une simple lettre d'obédience à leur Mère supérieure. C'est ainsi que s'ouvre en 1880 l’École Normale de filles de Melun. Elle ressemble encore à ce qu'elle doit remplacer : dans ce "couvent laïque" au régime proche du noviciat, les robes sont noires, le lever à 5h du matin, la surveillance constante et les sorties interdites.

L'enjeu d'une morale laïque

Le premier article de la loi sur la laïcité scolaire du 28 mars 1882 place en tête des matières l'instruction morale et civique, en lieu et place de l'instruction morale et religieuse. L'enjeu central de la laïcisation est d'enseigner une morale sans référence à un salut individuel ou à la crainte d'un châtiment éternel. Or, les nouveaux programmes du 27 juillet 1882 réintroduisent ce que la loi avait repoussé : les Devoirs envers Dieu vont être enseignés jusqu'en 1905 dans les Écoles Normales et 1923 dans les écoles primaires. La laïcité sépare l'école de toute autorité cléricale mais pas du sentiment religieux. Le spiritualiste Ferdinand Buisson défend cette "religion laïque".

A la rentrée 1882, des manuels de morale sont pourtant mis à l'index par le Vatican comme Instruction morale et civique : L’homme et le citoyen de Jules Steeg, reposant la question de la neutralité laïque. Le positiviste Jules Ferry appelle alors à enseigner dans les écoles cette "bonne vieille morale de nos pères" qui ne se démontre pas et ne doit pas contredire l'enseignement religieux. Dans les Écoles Normales, à partir de 1920, la société et ses devoirs réciproques remplaceront Dieu pour fonder une morale qui s'explique et s'éloigne du prêche. 
 
Les nuances et paradoxes de cette laïcisation progressive de l'école vont toucher jusqu'aux méthodes d'enseignement. Le Dictionnaire de Ferdinand Buisson fait l'éloge de Jean Baptiste de la Salle, pédagogue des Frères des Écoles Chrétiennes qui prône l'obéissance à un maître exemplaire, mais critique également le recours excessif à la mémorisation, à la répétition machinale, aux vérités révélées. Dans les classes et dans les Écoles Normales, l'examen critique et le questionnement doivent entretenir un rapport laïque au savoir.


Bibliographies

> Histoire de la laïcité à l'école
> Transmettre les valeurs de la République


Sitographie

> La laïcité en questions : exposition de la BNF
> Enquête : outils pédagogiques d’éducation à la laïcité
> Génération laïcité : jeu de questions-réponses sur la laïcité au quotidien
 
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